Les moussons se font de plus en plus fortes au Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde avec 241 millions d’habitants (en 2023). Un article du Monde, datant de septembre dernier, relate comment le dérèglement de ce phénomène météorologique a fait augmenter le recours aux mariages forcés dans les familles touchées par les inondations.
Des moussons imprévisibles
Le mot « mousson », originaire de l’arabe, désigne une saison marquée par de fortes précipitations, en particulier en Asie du sud. Au Pakistan, comme en Inde, au Népal et au Bangladesh, la saison de la mousson est déterminante. La ressource en eau du Pakistan dépend à 70 % de ces quatre mois de précipitations. L’agriculture, qui représente un quart du PIB et un emploi sur trois dans le pays, ne peut fonctionner sans la mousson.
Or, ces dernières années, les moussons sont devenues imprévisibles. De plus en plus d’épisodes de sécheresse, puis de fortes pluies sur de courtes périodes se suivent en alternance. La terre trop sèche ne peut absorber autant d’eau. L’eau se met à ruisseler, et des inondations se produisent.
En 2022, un tiers du Pakistan a été inondé. De nombreuses terres agricoles ont été détruites. Dans la province du Sind, par exemple, plusieurs villages agricoles ne s’en sont jamais remis. Des millions de personnes ont été déplacées.
Des mariages forcés pour échapper à la pauvreté
Face à ce dérèglement de la mousson, des familles se retrouvent totalement démunies. Le taux de pauvreté a fortement augmenté ces dernières années : 39,4 % des habitants vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2023, contre 24,3 % en 2015. (source : Banque mondiale).
Afin de subvenir aux besoins de leur famille, des propriétaires de terres agricoles décident de marier leurs jeunes filles, parfois âgées de 12 ans seulement. Une pratique déjà présente dans le pays, mais qui tend à augmenter. Pourtant, la loi pakistanaise interdit les mariages de jeunes de moins de 18 ans (16 ans dans certaines régions). Et pourtant, le Pakistan compte 19 millions de mineures mariées (d’après le Fonds des Nations unies pour l’enfance).
Dans le contexte des inondations, le but de cette manœuvre est de récupérer la dot, une somme d’argent conséquente donnée par le futur mari à la famille de la jeune fille. Puis de l’utiliser pour nourrir le reste de la famille. Deux universitaires pakistanais ont mené une étude afin évaluer les conséquences des inondations de 2010. Ils ont constaté que le taux de mariage des jeunes filles de 15 à 19 ans est passé de 10,7 % à 16 % l’année suivante.
Ces adolescentes, mariées de force à la suite d’inondations dans la région, ont désormais un surnom : « les fiancées de la mousson ».