Prix : 21.9 €
Editeur : Payot
C’est une vidéo qui a poussé la journaliste Salomé Saqué à prendre la plume pour écrire un livre paru en 2023. Une vidéo, publiée en mai 2022, dans laquelle on voit l’un des actionnaires de TotalEnergies asséner un élégant « Ne me fais pas chier, connasse ! Crève et fais pas chier ! », à une jeune militante pour le climat. Cette dernière bloquait l’entrée de l’assemblée générale pour dénoncer les activités climaticides du groupe.
« Crève et fais pas chier »
C’est comme ça que certains actionnaires de @TotalEnergies se sont adressés aux activistes du mouvement climat qui protestaient contre le modèle destructeur déployé par la multinationale. Soutien à elles et eux 💚 #BlocageTotal pic.twitter.com/EDunbeQ863
— Greenpeace France (@greenpeacefr) May 25, 2022
Trop d’idées reçues sur la jeunesse
« Le visionnage de cette altercation […] a joué un rôle. […] Plutôt que de grommeler dans mon coin sur le sort des jeunes, j’ai voulu le raconter avec mes mots », écrit la journaliste en avant-propos. Dans son livre, Sois-jeune et tais-toi, elle dénonce les préjugés auxquels font face les jeunes. Ces derniers seraient paresseux, incultes, égoïstes et individualistes.
Une à une, Salomé Saqué démonte ces idées reçues. Elle donne à voir les conditions de vie qui sont celles des jeunes. Un contexte dominé par le chômage, la précarité croissante, les inégalités scolaires, et le manque de prise en compte de leurs problématiques par les gouvernements successifs. Sans oublier la crise climatique, la menace d’attentats ou encore la pandémie. Un contexte qui rend les jeunes anxieux. Peut-on vraiment le leur reprocher ?
De nouvelles formes d’engagement
L’autrice s’intéresse aussi aux nouvelles formes d’engagement d’une jeunesse, à qui l’on reproche trop souvent de « s’en foutre ».
Sur les réseaux sociaux, sur les plateformes de streaming, les streameurs du Zevent lèvent chaque année plusieurs millions d’euros auprès de leurs abonnés pour une cause caritative. Salomé Saqué cite également les déserteurs des grandes écoles (AgroParisTech, Polytechnique, HEC) qui refusent de participer à un « système écocidaire ».
La force du livre ne tient pas dans la nouveauté des faits rapportés. La plupart sont déjà largement connus et documentés. Mais plutôt dans le fait de les agréger, de les présenter sous l’angle de la jeunesse. Et de porter la voix de toute une frange de la société, de toute une génération qui manque cruellement de porte-parole en mesure de la faire entendre.
« Je veux donner du courage aux jeunes pour l’avenir qui s’annonce rude, mais aussi pour amener les générations qui nous critiquent à changer de regard sur la jeunesse, à leur faire entendre que les difficultés que nous rencontrons sont inédites, que les causes que nous défendons ne sont pas infondées, et enfin que nous avons besoin de leur aide pour prévenir au maximum puis affronter les bouleversements à venir », plaide-t-elle.