Un potager, des fleurs, un cerisier, des vers de terre et des abeilles sauvages… Sommes-nous au cœur des Cévennes ? Pas vraiment, j’habite dans un appartement, près du périphérique parisien à Bagnolet (Ile-de-France). Mais j’ai une terrasse de 5 m2 sur laquelle il est possible d’expérimenter, même si je n’ai pas la main verte.
Tenez, contre le mur le plus ensoleillé trône un patiocomposteur de 1m 60 de longueur. Un mastodonte capable de digérer les épluchures d’une quinzaine de personnes. Nous sommes deux adultes et un bébé, qu’à cela ne tienne, les vers seront au régime. En deux mots, il s’agit d’un « bac à jardin » avec un lombricomposteur intégré à monter soi-même.
« La différence avec les autres lombricomposteurs, c’est qu’il est le seul à pouvoir rester dehors toute l’année grâce à la masse de terre embarquée », m’explique au téléphone Stéphan Roux, le fondateur de Neomind, la jeune entreprise qui les fabrique en Savoie. « Les lombrics peuvent subsister l’été ou l’hiver puisqu’ils peuvent s’enfouir dans la terre. »
Nous avons déjà mangé deux laitues et des jeunes pousses de roquette
Lui qui travaillait avant dans les énergies renouvelables a créé ce « laboratoire », comme il l’appelle, en mars 2018. « C’est un laboratoire parce que notre objectif est de créer des produits qui ne sont pas disponibles sur le marché », résume-t-il. Avec, souvent, une petite touche tech, comme un « germinateur » : une serre de pousse thermorégulée. Dans les cartons, il a aussi une niche connectée…
Lui, son associé et les deux ingénieurs avec qui il travaille sont en collaboration avec Rudy Lauberton, de la ferme lombricole de Savoie, un passionné de vers de terre, également producteur de champignons et d’endives. On peut donc commander son lombricomposteur, et les vers avec !
Bon, et il donne quoi ce patiocomposteur construit en pin maritime ? Après plus d’un mois d’utilisation, les vers sont en pleine forme et boulottent sans cesse. Quant à nous, nous avons déjà mangé deux laitues et des jeunes pousses de roquette. Les plants de concombres, tomates et aubergines poussent…
En face du lombricomposteur géant, il y a deux bacs pour poursuivre le potager, des jardinières pleine de fleurs et une maison à abeilles sauvages, à laquelle nous avons consacré un article, ici. Tout proche, un petit abreuvoir pour les oiseaux…
Et si ma terrasse devenait un refuge LPO ?
Mais vont-ils venir ? Je contacte la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) pour en avoir le cœur net, et savoir quel nichoir me procurer. « Au-dessus du 2e étage [nous sommes au 3e, ndlr], il est assez délicat de faire venir des nicheurs. Néanmoins, les espèces d’oiseaux susceptibles de venir sont, selon le contexte, les mésanges bleues, les moineaux domestiques, les moineaux friquets et les hirondelles de fenêtre.» Bon, c’est déjà pas mal ! « Votre démarche s’intègre parfaitement dans notre programme « Refuge LPO » », m’indique-t-on.
J’ai donc envoyé un chèque de 35 euros à l’association, qui me renverra un abri pour oiseau, un livret pour bien débuter mon refuge, un sachet de graines pour des plantes aromatiques et un panneau indiquant que mon balcon est un refuge pour la biodiversité. Si avec ça, aucun volatile ne se sent le bienvenu…