Et si vous laissiez vivre votre jardin ? Un jardin naturel, plein de vie, de fleurs… Un jardin punk en somme. Le paysagiste écolo Eric Lenoir – auteur du Petit traité du jardin punk (Ed. Terre Vivante, 2018) – expliquait sur Facebook qu’il avait annoncé à ses clients chez lesquels il tondait la pelouse qu’il ne le ferait plus. Impossible de « bousiller 3.000 m² de ressources alimentaires, hydrologiques, et niches écologiques pour la faune et la flore ». Les clients ont accepté la proposition de ce jardinier dans l’Yonne, en Bourgogne : moins tondre, c’est plus économe, en argent et en eau. Et plus de temps pour, par exemple, un « suivi plus pointu des arbres fruitiers, des petites plantations, le greffage ».
Tondre, c’est moins de rosée
Vous qui n’êtes, a priori, pas jardinier professionnel, vous pouvez suivre son conseil. Car comment les abeilles peuvent-elles se nourrir sans pâquerette ni pissenlit ? D’autant que les pelouses rases sont beaucoup plus demandeuses en eau. « Une pelouse tondue ne produira pas la même quantité de rosée qu’une pelouse laissée plus haute, ce qui portera préjudice à votre sol pendant les fortes sécheresses », explique l’association Les jardins de Noé. De plus, les tiges et fleurs de graminées jouent le rôle de capteur de l’humidité de l’air, humidité qu’ils transmettent ensuite au sol sous forme de gouttelettes. Les racines de vos arbres recevront ainsi de l’eau même en période de fortes chaleurs. »
L’Angleterre en avance
Des Lyonnais s’étaient emparés du sujet à la sortie du confinement. Ils demandaient ainsi dans une pétition « que la pelouse ne soit pas coupée [au parc de la Tête d’Or] ; que l’on respecte la biodiversité qui s’est créée pendant ces deux mois ; que ces espaces soient mieux protégés du piétinement par les nombreux visiteurs du parc et que l’entretien des jardins publics laisse plus de place aux espèces endémiques, et limite les interventions mécaniques et chimiques ». Et avaient (en partie) gagné ! 2.300 signatures plus tard : « Des chemins ou des espaces pique-nique seront aménagés et sa végétation laissée libre selon son état », se réjouissaient les auteurs de la pétition.
Mais nous avons l’air de petits joueurs comparé à… l’Angleterre, qui organise depuis 2019 le « No Mow May » (« Pas de tonte en mai »). Plus d’une trentaine de municipalités y participent. Grâce à cette campagne orchestrée par l’ONG anglaise « Plantlife », de nombreux Anglais laissent les fleurs pousser dans leur jardin… et les insectes les butiner.
En Belgique, l’université de Mons s’y est mise. Elle a lancé le « jardin punk challenge » et a montré l’exemple en arrêtant de tondre les pelouses du campus.
Vous tenez vraiment à couper ? Voici les conseils de Damien Roty, spécialiste en chantier forestier et en développement durable, interrogé par Le petit bleu des Côtes d’Armor :
« Trois zones de tonte sont à organiser sur les grandes parcelles : une zone prestige car lieu de passage, donc tonte hebdomadaire plus courte ; une zone enfant, coupe plus haute (12 cm) et une zone de fauche tardive, avec deux coupes annuelles ».
Je laisse de nombreux espaces intacts par contre je continue à tondre plusieurs parties, d’abord pour les tiques (éviter les problèmes pour mes petits enfants) et aussi pour la difficulté de nettoyage à l’automne avec toutes les grandes tiges (mon 1er essai de tout laisser sans tondre m’avait posé pas mal de problèmes en fin d’été!)
Super pour les abeilles ! Encore mieux pour les chevaux ;+)))