Nous sommes en Bretagne, sur le camping Le Ty Nadan, à Locunolé. Près des berges, une maison flottante nargue les mobil homes. C’est le Kevell, une construction inspirée des casiers à homards bretons, recouverte de bardage de châtaigner, imaginée par le designer Owen Poho. Attention à ne pas confondre maisons flottantes et maisons sur pilotis. Ces dernières sont terrestres : en cas de montée des eaux, elles s’inondent. Tandis que les flottantes flottent sur l’eau comme leur nom l’indique. Un canoë est amarré à votre terrasse, pour pouvoir naviguer sur la rivière l’Ellé.
La France est en retard
Si l’idée semble toujours aussi loufoque, c’est que « la France a une dizaine d’années de retard », déplore Nicolas Le Guen, responsable commercial de la société Aquashell, (quasi) seule à proposer ce genre de constructions dans l’Hexagone, et à l’origine du Kevell. « En Europe du Nord, ils ont déjà l’habitude d’utiliser du flottant, ils sont nombreux à vivre au dessous du niveau de la mer et donc confrontés aux problèmes climatiques ». Au Pays-Bas par exemple, le quart du pays se situe sous le niveau 0, atteignant jusqu’à -14 mètres pour la province du Fleveland. Aux Etats-Unis, l’idée plaît aussi, notamment à Seattle ou San Diego. Sachant qu’il existe deux types de maisons flottantes: celles posées directement sur l’eau, avec des flotteurs, et celles posées sur terre, mais qui peuvent flotter en cas de montée des eaux. Au vu des inondations récurrentes en Vendée par exemple, l’hébergement flottant pourrait intéresser de plus en plus.
Comment expliquer ce retard? « C’est tout simplement administratif », explique Nicolas Le Guen. Il en sait quelque chose, Aquashell est une toute jeune entreprise lancée l’an dernier. Avant de la créer, ils ont travaillé un an et demi pour régler ces problèmes législatifs. « Nous tombons sous la législation bateau mais nous ne pouvons pas passer au-dessus des lois sur l’habitation. Il y a un vide juridique autour de ces habitats flottants ». En tout cas, plus besoin de s’interroger sur les terrains inondables ou pas : là où les mairies refusaient les permis de construire à des maisons traditionnelles, les flottantes pourront s’installer sans souci. Et attendre sereinement la montée des eaux.
Le « glamping » a la cote
Indéniablement, le concept plaît. Imaginez vous, les pieds dans l’eau, sur votre terrasse. Sachant que vous pouvez même vous balader, toujours dans votre salon, sur le lac. S’intégrer au paysage tout en le respectant : construire des maisons flottantes, c’est rentrer dans une démarche de protection environnementale. Les prochains projets de la société Aquashell seront équipés de panneaux solaires et photovoltaïques et les habitats seront passifs. Ils s’inscrivent parfaitement dans la tendance du « glamping », encore un mot un peu fourre-tout, mais bien utile. Le « glamping », c’est du camping avec une pointe de glamour, et bien plus de confort. « Nous axons dans un premier temps notre offre vers les professionnels du tourisme même si nous travaillons déjà sur un projet de 60m2 à usage privatif. Nous savons que le Français n’est pas encore prêt, dans sa tête, à investir dans une maison flottante, nous n’en sommes pas à ce stade là ». Pour les précurseurs qui aimeraient déménager dans une telle maison et se balader en canoë à tout moment, sachez que, chez Aquashell, une maison de 20m2 avec terrasse coûte entre 40 000 et 60 000 euros et une de 60m2 avoisine les 120 000 euros.
C’est une vraie solution aux problèmes multiples liés aux inondations dans le basdin du fleuve Congo.
J’ai moi même une idée sur ce type d’habitat.