Décimées à coups de chaussures, noyées dans les baignoires, éjectées d’une chiquenette… Elles subissent les pires sévices de notre part. Et si nous apprenions plutôt à les connaître ?
Dans ce procès en diffamation, présentons la victime. L’araignée, c’est un animal à huit pattes -ce n’est donc pas un insecte- dont le corps est divisé en deux parties et qui vit en moyenne entre un et deux ans. En France, il y aurait 1600 espèces différentes et entre 35 et 40 000 dans le monde. C’est la première à avoir colonisé la terre ferme, il y a plus de 500 millions d’années !
Mythes et contre-vérités
Première chose à clarifier : une araignée ne pique pas, elle peut mordre tout au plus. C’est d’ailleurs comme cela qu’elle attaque ses proies : elle mord, délivre du venin par des crochets et liquéfie les tissus de la proie avant d’aspirer le tout… Et de laisser la carapace de l’insecte totalement vide. En France, la plupart des araignées sont incapables de percer notre peau. Si vous avez des piqûres rouges sur le corps en vous levant le matin, incriminez plutôt la punaise de lit… Sur les 40 000 espèces d’araignées au monde, seules une dizaine sont vraiment dangereuses pour l’homme.
Et si elle peut être mauvaise épouse, dévorant son mari après la nuit de noces, elle s’avère généralement une bonne mère, construisant pour certaines des toiles pouponnières. Avant que les petits ne s’envolent vers d’autres contrées, avec des fils de soie en guise de parachute.
Quelles sont celles qui s’invitent dans nos maisons ?
Celles que vous retrouvez dans votre baignoire sont des tégénaires. Elles ne sont pas sorties des canalisations, mais n’arrivent simplement plus à s’extirper. Il faut dire que les crochets qu’elles ont aux pattes sont bien pratiques sur une toile, moins sur une surface lisse. Il y a aussi les pholques, araignées typiques des maisons. Avec leurs grandes pattes, on serait tenté de les confondre avec des faucheux. Les pholques tissent des toiles un peu partout et momifient leurs proies. Si vous les embêtez, ils ont un mécanisme d’auto-défense des plus atypiques : accrochés par une patte à un fil de leur toile, ils tournoient jusqu’à ce que leur petit corps soit invisible !
Que ferions-nous sans elles ?
Elles sont irremplaçables dans les cultures et vergers pour débarrasser les plantes d’insectes nuisibles. En étant les plus importants régulateurs des populations d’insectes, elles jouent un rôle capital dans les équilibres écologiques. Elles se révèlent de merveilleux « indics » pour évaluer l’état des milieux naturels.
Dans le domaine scientifique, nombreux sont les chercheurs qui tentent de percer leurs secrets pour s’en inspirer. L’étude de leur venin a permis la fabrication de nouvelles molécules utiles dans le milieu médical. Mais, c’est surtout leur toile qui fait rêver : le fil d’araignée, composé de fibrilles de soie tissées entre elles par l’animal, est la matière la plus résistante au monde. À diamètre comparable, il a la force d’un câble en acier… Certaines firmes réfléchissent même à l’utiliser pour fabriquer des gilets pare-balles !