La précarité énergétique, c’est quoi ?
Le terme de précarité énergétique désigne la difficulté, voire l’incapacité, à subvenir à ses besoins en énergie pour vivre décemment dans son logement à un coût acceptable.
Depuis 2010, la précarité énergétique est définie par la loi Grenelle 2. Est en situation de précarité énergétique « une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ».
Pour mesurer la précarité énergétique, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) a recours à deux indicateurs principaux :
- Le taux d’effort énergétique. C’est la part des dépenses d’énergie dans le logement sur le revenu du ménage. Le seuil au-delà duquel un ménage est considéré en précarité énergétique est de 8 %, en se limitant aux ménages des trois premiers déciles de revenu disponible par unité de consommation, pour éviter de prendre en compte les ménages disposant de ressources confortables.
- La sensation de froid. Cet indicateur cible les ménages ayant exprimé une sensation de froid pour des raisons qui relèvent de la précarité énergétique : mauvaise isolation du logement, défaillance de l’équipement de chauffage, panne durable, restriction en raison du coût de l’énergie et coupure du fournisseur d’énergie. Là encore, seuls les ménages appartenant aux trois premiers déciles de revenus sont pris en compte.
Qui est concerné ?
L’Observatoire national de la précarité énergétique estime que plus de 5,6 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique. Elle concerne les ménages les plus pauvres. Selon l’Ademe, les 20% de ménages les plus pauvres consacrent une part de budget 2,5 fois plus élevée à l’énergie que les 20% les plus riches. Notamment en raison de la performance thermique médiocre de leurs logements.
La part des ménages dont les taux d’effort énergétique dépasse 8 % reste néanmoins stable, à environ 12,5 % des ménages. Comme en 2010. Par contre, la sensation de froid augmente. Selon le baromètre énergie-info du médiateur national de l’énergie, 20 % des ménages ont déclaré avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2020-2021, pendant au moins 24 heures. Soit une hausse de 43 % par rapport à l’année précédente.
Par ailleurs, les préoccupations des ménages sur le poste énergétique ont soudainement progressé. En 2021, 84 % des ménages estiment que la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation important dans leur foyer. C’est le taux le plus élevé observé depuis la création du baromètre en 2007. Et alors que les Français semblaient moins nombreux ces dernières années à baisser leur chauffage pour limiter le montant de leurs factures, depuis 2013, cette tendance repart à la hausse. Ces stratégies de restriction ont bondi de 50 % en 2020, à 60 % en 2021, soit près du double du taux de 2019.
Les conséquences de la précarité énergétique sur la santé
La précarité énergétique, et notamment le froid dans le logement, peuvent impacter la qualité de l’air intérieur, indique un rapport de l’ONPE sur les conséquences induites par la précarité énergétique, publié en 2017. Cette dégradation peut être due à un manque de ventilation ou à des matériaux de construction endommagés. L’intoxication au monoxyde de carbone, issue d’une mauvaise combustion, est aussi l’un des risques de sécurité majeurs pour les personnes souffrant de précarité énergétique.
Une situation aggravée par la crise sanitaire…
Les confinements successifs ont accru le temps passé à la maison, le besoin de bien-vivre et de ne pas subir le froid dans son domicile. Dans une étude publiée en avril 2021, l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) décrit : « Dès le premier confinement de mars 2020, les témoignages se sont accumulés sur les difficultés vécues par une partie de la population française en matière de logement. Ils ont mis en exergue les conditions de logement dégradées pour ceux qui ont été confinés dans un logement sur-occupé, exigu, insalubre ou encore mal isolé du bruit. »
…Et la hausse des prix de l’énergie
La forte hausse des prix de l’énergie aggrave la précarité énergétique en France. Cette précarité est pourtant modérée par l’amélioration des performances énergétiques des logements. La consommation énergétique du parc résidentiel a en effet diminué de 12 % entre 2011 et 2019, toujours selon l’ONPE même si la rénovation des logements reste beaucoup trop lente.
Mais dans le même temps, entre 2011 et 2020, le prix de l’électricité a augmenté de 41 %. Ce mode de chauffage concerne un tiers de Français. En parallèle, le prix du gaz a lui aussi bondi : + 23 % entre 2011 et 2020.