« Biodégradables », « compostables », certains sacs qui ressemblent à s’y méprendre à des sacs en plastique sont distribués depuis plusieurs années à la place de leurs confrères très honnis. Pourtant, ces sacs sont loin d’être aussi vertueux qu’on l’imagine. À l’instar des sacs fabriqués à partir d’amidon de maïs, que l’on dit « biosourcés ».
Biosourcé, cela signifie qu’ils sont fabriqués à partir d’une ressource naturelle. D’autres sont, par exemple, fabriqués à partir de canne à sucre, de pomme de terre ou de patate douce. Une référence qui ne veut pas forcément dire grand chose. Le pétrole qui se trouve dans les profondeurs de la terre n’est-il pas une ressource naturelle, finalement, façonnée pendant des millions d’années à partir de résidus de matières organiques ?
Pas forcément biodégradables ni compostables
Bien sûr, la production de l’amidon de maïs ou de pommes de terre n’émet pas autant de gaz à effet de serre ni ne contribue autant au réchauffement climatique. En revanche, l’idée qu’ils seraient « naturels » et donc « biodégradables » ou « compostables » n’est pas nécessairement valable.
Pourquoi ? Parce que les sacs fabriqués à partir de matières biosourcées ne le sont pas forcément à 100 %. Selon la loi française, la teneur biosourcée minimale des sacs en matières plastiques à usage unique est de 50 % depuis 2020 et passera à 60 % en 2025.
La ressource végétale la plus répandue pour fabriquer des sacs à usage unique est bien celle issue de l’amidon extraite du maïs, explique le site Emploi Plasturgie. Une fois fermentée, cette matière permet d’obtenir des granules de plastique.
Une production qui a aussi un impact environnemental
Avant de s’enticher d’un sac biosourcé, il y a donc plusieurs questions à se poser. L’une, sur la fabrication dudit sac. Certes, la production d’amidon de maïs émet moins de gaz à effet de serre, par contre, cela signifie qu’on utilise une matière issue de l’agriculture qui aurait autrement pu contribuer à l’alimentation. Aussi, sa production est gourmande en eau et peut créer de la tension sur cette ressource, puisque le maïs est une plante qui a besoin de beaucoup d’eau en été, à un moment où celle-ci est moins abondante.
Ainsi, les bioplastiques n’ont pas forcément un meilleur impact sur l’environnement que les plastiques conventionnels, a démontré une étude de l’Agence Fédérale de l’Environnement allemande. Si leur impact carbone est moindre, ils ont un impact écologique supérieur en raison de leur culture et du traitement des plantes. L’utilisation de fertilisants pour cultiver ces plantes est notamment responsable de l’eutrophisation des milieux aquatiques et de l’acidification des sols, dans une mesure supérieure à celles générées par la fabrication des plastiques conventionnels.
Réutilisation et solidité
Avant de s’enticher d’un sac en « plastique biosourcé », il y a surtout deux questions primordiales à se poser : il faut penser aussi en termes d’usage et cycle de vie complet.
Comme l’écrit Pierre Rouvière dans « Écolo mon cul », « pour transporter le même volume de course, le sac en papier génère en réalité plus d’impact sur la durée de son cycle de vie parce qu’il va casser ou s’user plus facilement ». Même chose, parfois, pour un sac en plastique biosourcé qui souvent se déchire plus qu’un sac en plastique. Ainsi, un cabas en polyéthylène (en plastique donc) est « toujours moins impactant qu’un sac jetable, quel que soit le matériau de celui-ci ».
Ce qui va changer la donne ? La réutilisation. « Il n’existe peut-être pas de sac ultime, à la fois ultra-résistant et peu impactant. Mais il existe pourtant une solution optimale à ce problème : rentabiliser les sacs réutilisables qui existent déjà. »