Pas d’agriculture possible sans eau. Pourtant, celle-ci commence à manquer de plus en plus régulièrement en France, en raison d’épisodes de sécheresse plus fréquents. Au cours des cinq dernières décennies, les pertes de production agricole liées aux vagues de chaleur et aux sécheresses ont triplé en Europe, selon une étude publiée en 2021 dans l’Environnemental Research Letters.
Dans une vidéo pour Le Monde, la journaliste Anna Moreau part en reportage, compile des données et interviewe un expert pour évoquer les causes et les solutions au manque d’eau dans l’agriculture.
Elle bat en brèche une idée reçue. La sécheresse n’est pas forcément liée à des précipitations moindres, mais à l’augmentation de la température. Au cours de la dernière décennie, la température moyenne annuelle en France a en effet grimpé d’un degré par rapport à celle enregistrée entre 1961 et 1990, selon Météo France. Cette hausse accentue l’évaporation de l’eau des sols.
Elle revient sur plusieurs solutions pour limiter les pertes. L’irrigation en premier lieu, que pratiquent aujourd’hui 5 % des agriculteurs et qui est amenée à se développer. La vidéo passe en revue le fonctionnement et les problèmes causés par les grandes retenues d’eau – baptisées « méga-bassines » par leurs opposants – qui visent à pomper dans les nappes phréatiques en hiver pour avoir accès à la ressource en eau en été.
Elle met ensuite en avant la pratique de l’agriculture de conservation des sols, qui permet de cultiver autant, mais avec moins d’eau. Celle-ci repose sur trois piliers. Premièrement : le couvert végétal, qui consiste à avoir des plantes dans les champs toute l’année pour faire baisser leur température. Deuxièmement : la rotation des cultures qui permet de lutter contre les mauvaises herbes se développant en cas de monoculture. Troisièmement : le non-labour, pour que les micro-organismes et les vers de terre puissent transformer les végétaux en matière organique et structurer les sols de manière verticale, afin que l’eau s’infiltre plus profondément. En ne labourant plus, les végétaux restent aussi au sol plus longtemps, permettant d’absorber du carbone lorsqu’ils grandissent, puis en le capturant dans le sol lorsqu’ils meurent.
Avec cette pratique, l’enjeu est donc double : améliorer la résilience des exploitations agricoles face au manque d’eau, mais aussi d’atténuer les causes du réchauffement climatique qui en sont responsables.