Aux Pays-Bas, près d’une femme sur trois accouche chez elle. Dans le monde, ce sont neuf femmes sur dix qui donnent la vie sans se rendre à l’hôpital. En France, c’est totalement différent ! Seule une femme sur cent environ accouche à domicile. Et on voit souvent cette pratique d’un mauvais œil. Les Français l’interprètent comme un retour en arrière pour les femmes, avec une prise de risque pour leur santé et celle de leur bébé. Sans compter l’exposition aux douleurs de l’accouchement. La réalité est plus nuancée :
Pourquoi choisir l’accouchement à domicile ?
Quand les femmes font sciemment le choix d’accoucher à domicile, elles cherchent à éviter l’hôpital, mais pas seulement. Les bénéfices sont divers :
- On évite la surmédicalisation. Pas de péridurale, pas de perfusion automatique…
- On bénéficie d’un accompagnement global : c’est la même sage-femme qui nous suit du début jusqu’à la fin et même durant les quelques jours qui suivent l’accouchement. Une façon aussi d’établir une relation de confiance avec sa sage-femme et, en tant que futurs parents, cela rassure.
- On met son enfant au monde dans le calme, dans le cadre sécurisant et confortable de son foyer. On n’accouche pas au milieu d’une poignée d’inconnus.
- On est moins passif. C’est vrai pour les mères, à qui on apprend les différentes positions possibles pour l’accouchement, le mouvement des os et des tissus, comment mieux supporter la douleur. C’est aussi vrai pour les pères, qui sont directement impliqués.
Non, on ne fait pas une croix sur le suivi médical
Nous vous parlons d’un accouchement à domicile accompagné d’une sage-femme, et non de mettre au monde son enfant, seule, dans les bois, sans une autre âme qui vive à 50 kilomètres à la ronde. Les futures mères qui font le choix de l’ AAD (accouchement à domicile) bénéficient d’échographies, de prises de sang, et de séances de préparation à l’accouchement, etc…
Pas plus de complications médicales
Non, ce n’est pas non plus davantage dangereux. Il suffit de regarder les statistiques des Pays-Bas pour s’en rendre compte. Pas plus de complications, ni de mortalité infantile, alors que cette pratique est beaucoup plus répandue. Par contre, toutes les femmes ne peuvent pas accoucher à domicile. C’est exclu dès qu’il y a un risque : en cas de grossesse multiple, d’hypertension, de diabète, de bébés prématurés, en position de siège, etc.
Et dans tous les cas, il est nécessaire de se pré-inscrire dans une maternité, et de prévoir, le cas échéant, un transfert. Il faut donc également penser au moyen de transport pour s’y rendre et prendre contact, si besoin, avec une société d’ambulances, par exemple.
Pour accoucher à domicile, il faut être bien préparé !
La difficulté première en France est de trouver une sage-femme qui veuille bien pratiquer l’AAD. Elles sont de plus en plus rares. Une soixantaine environ. Accoucher chez soi coûte aussi un peu plus cher. Il faut compter entre 700 et 1200 euros environ et la Sécu ne prend en charge que 300 euros.
Quelle alternative ?
Depuis 2016, il est aussi possible d’accoucher dans une « maison de naissance », à mi-chemin entre le domicile et l’hôpital. Il en existe actuellement neuf, en expérimentation, à Paris, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), à Castres (Tarn), à Grenoble (Isère), à Baie-Mahault (Guadeloupe), à Saint-Paul (La Réunion), à Bourgoin-Jallieu (Isère), à Sélestat (Bas-Rhin) et à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Dans ces maisons, pas de médecins ni de péridurales, on est accompagné uniquement par les sage-femmes pour l’accouchement.