Ces deux dernières décennies, le nombre d’allergies liées au pollen a bondi. Il a même été multiplié par trois. Ces allergies affectent désormais plus de 30 % des adultes et environ 20 % des adolescents en France, selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Et l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) estime que d’ici à 2050, si la trajectoire climatique n’est pas corrigée, 50 % de la population du globe pourrait être allergique. Car allergies respiratoires et réchauffement climatique sont étroitement liés.
Une saison des pollens à rallonge
La première raison à cela est la hausse des températures et en particulier les printemps précoces. Un phénomène qui touche plus particulièrement les espèces qui pollinisent à la fin de l’hiver ou au début du printemps, comme le frêne, le bouleau, ou le cyprès. Et la hausse de température tout au long de l’année a un impact, puisque les quantités de pollens libérées en mars ou en avril dépendent des températures et du temps qu’il a fait avant, à partir du mois de juillet de l’année précédente. L’observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, qui suit annuellement les pollens de bouleau explique que « cette évolution des températures n’a fait qu’entraîner une hausse de la quantité de pollens de bouleau émis et donc une augmentation des allergies », et ce depuis 1987.
Des plantes qui relâchent plus de pollen
En parallèle, la hausse des émissions de CO2 favorise la production de pollens des plantes. La hausse de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère favorise la croissance des plantes, qui l’absorbent. Conséquences : plus de pollens et des pollens plus allergisants.
Un exemple : d’après deux chercheurs de l’association pour la prévention de la pollution atmosphérique qui ont publié un article sur l’ambroisie dans The Conversation, « la quantité d’allergènes par grain de pollen est corrélée à la concentration atmosphérique en CO2 ».
Des aires de répartition qui s’étendent
Mais l’ambroisie, comme d’autres plantes, étendent également leur aire de répartition. Cette plante fortement allergisante et largement présente dans la vallée de Rhône provient initialement d’Amérique du Nord. Sa concentration pourrait quadrupler sur le continent européen, à l’horizon 2050. Une progression liée pour deux tiers au changement climatique selon l’Inserm. Plus globalement, avec la hausse de température, on retrouve désormais des espèces dans des endroits où elles n’étaient pas capables de résister jusqu’alors.
Une pollution atmosphérique qui aggrave les allergies
Les allergies sont par ailleurs aggravées par la pollution atmosphérique et ce pour deux raisons. D’une part, la pollution de l’air fragilise nos voies respiratoires, en particulier en ville, où les habitants y sont plus exposés. D’autre part, la pollution fragilise également les grains de pollens, fragmentent leur paroi, ce qui a pour effet d’en libérer davantage dans l’atmosphère et leur permet de pénétrer plus facilement dans les voies respiratoires.