La couverture ressemble à un féminin classique. Une belle femme, prise en gros plan. Des couleurs flashy. A l’intérieur, des publicités pour Hermès, Chanel. Pourtant, les titres de la Une diffèrent des magazines en papier glacé habituels. Au rayon psycho: “Annoncer la maladie à ses proches”. Mode? “Chic les dessous s’adaptent”. Beauté? “Chouchouter sa peau pendant la chimio”.
Une passerelle pour la vie
Ce projet, une première en Europe, est le fruit de la collaboration de deux Céline. La première, Céline Lis, journaliste de formation, a eu un cancer. Elle découvre que, face à une information médicale florissante, il y a un manque d’informations pratiques. Comment faire quand on perd ses cheveux, ses cils? Quelles sont les aides dont on peut disposer quand on tombe malade? Avec Céline Dupré, qui travaille dans la communication, elles décident de combler ce vide en apportant des réponses axées sur la féminité. “Rose est une passerelle pour la vie : le cancer n’est pas qu’une affaire de mort”, résume cette dernière. “Nous parlons aux femmes comme des vivantes, pas comme des malades.” Rose magazine aborde ainsi tous les domaines, aussi bien les médicaux que mode de vie. Enquêtes, portraits, guides pratiques et conseils autour des problématiques qui peuvent toucher les femmes malades.
Ambitieux projet
Distribué gratuitement à 200 000 exemplaires dans tous les établissements de soins et les comités départementaux de la Ligue contre le cancer, Rose Magazine est haut de gamme. “Nous avons démarré sans un euro en poche”, raconte Cécile Dupré. “Mais nous avons reçu très vite beaucoup de financements: tout le monde a adhéré tout de suite”. Des acteurs de la lutte contre le cancer comme l’Institut national du cancer ou l’ARC mais aussi des grandes marques de luxe, fières d’aider un projet aussi ambitieux.
Manifeste des 343 cancéreuses
Rose Magazine est engagé. Pour la première édition, il publie le Manifeste des 343 cancéreuses, clin d’oeil à celui des 343 salopes qui réclamaient le droit d’avorter, pour défendre les droits à vivre une vie sociale normale après la maladie. “Nous sommes aujourd’hui 800 000 malades de cancer en France. Nous sommes des millions en traitement, en rémission ou guéries. Nous sommes des millions à avoir traversé la douleur de traitements épuisants, le découragement, la peur de la mort, la solitude. Nous sommes des survivantes et nous avons gagné le droit de ne pas devenir des sous-citoyennes. Si le cancer est une maladie dont on guérit physiquement de mieux en mieux, c’est une maladie dont, en France, socialement, on guérit mal.” Ce manifeste sera remis aux candidats à la Présidentielle de 2012 pour un engagement de leur part.