Réduire le trafic aérien, vaste débat ! Il y a toujours ceux qui présentent l’argument que l’aviation n’a pas un impact si important que ça sur le réchauffement climatique (spoiler : en prenant en compte l’impact de la condensation des traînées blanches en plus des émissions de CO2, c’est tout de même plus que ce qui est souvent avancé ; soit 6 % et donc plus que le secteur du numérique). Et ceux qui font remarquer qu’à titre individuel, c’est en tout cas le geste qui a le plus d’impact sur son empreinte carbone (un simple tour sur un calculateur d’empreinte carbone permet de s’en convaincre).
Difficile toutefois de contraindre davantage le trafic aérien, en allant plus loin que des décisions individuelles. En France, début avril, le groupe écologiste à l’Assemblée nationale a bien tenté de déposer une proposition de loi pour interdire l’utilisation des jets privés. Ceux-ci sont en effet entre 5 et 14 fois plus polluants qu’un vol régulier (étude de la fédération européenne Transport & Environnement, 2021) et sont principalement utilisés par des grandes fortunes. Mais elle a été rejetée, notamment avec des arguments pour le moins douteux, mettant en avant que les jets privés seraient un outil « de désenclavement de nos territoires ruraux ».
Les grands projets d’Amsterdam-Schiphol : fin des vols de nuit, des jets privés…
Aux Pays-Bas, ça avance un peu plus. L’aéroport d’Amsterdam-Schiphol a annoncé début avril qu’il comptait bannir les vols de nuit et les jets privés de ses pistes. Un moyen de combattre les nuisances sonores et aussi de s’aligner avec l’accord de Paris sur le climat, souligne l’aéroport. Une mesure qu’il compte appliquer d’ici à 2025-2026.
En supprimant comme il le projette les décollages entre minuit et 6h, ainsi que les atterrissages entre minuit et 5h, l’aéroport Schiphol estime que le trafic aérien serait réduit de 10.000 vols chaque année. Il constate aussi que 30 à 50 % des destinations des jets privés se font vers des lieux de vacances comme Ibiza, Cannes ou Innsbruck, des destinations déjà largement couvertes par des lignes commerciales.
Schiphol a également annoncé à la même occasion qu’il renonçait à l’ajout d’une piste supplémentaire.
Un gouvernement néerlandais engagé dans la baisse du trafic aérien
Le gouvernement des Pays-Bas souhaite de son côté limiter le trafic aérien en réduisant le nombre de vols à Shiphol. Pour faire passer le nombre annuel de vols de 500 000 à 440 000, avec un premier cap à 460 000 vols d’ici à l’été 2024. Plusieurs compagnies aériennes ont contesté ce projet en justice, estimant qu’il enfreignait les traités internationaux sur l’aviation et les régulations européennes. Les compagnies ont gagné cette première manche, mais le gouvernement a fait appel de cette décision.