De Tchernobyl, on garde l’image de paysages ravagés et de villes entières abandonnées après la catastrophe de 1986. Et pourtant…
Surprise, les animaux repeuplent la région de Tchernobyl
Pourtant, la nature reprend progressivement ses droits. Certaines plantes directement impactées par les radiations présentent des tumeurs ou d’autres anomalies, mais à l’inverse, d’autres végétaux ont évolué et développé une meilleure résistance aux produits mutagènes. Leur ADN s’est modifié pour mieux résister à l’environnement de Tchernobyl.
Bonne nouvelle aussi pour les animaux. A l’intérieur de la zone d’exclusion, interdite aux habitations humaines et qui couvre un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de la centrale, on rencontre daims, lapins, souris, oiseaux, ours, et même des loups. Ces derniers y seraient même sept fois plus nombreux que dans les autres parcs de la région. Et globalement, les grands mammifères semblent repeupler la zone. D’après une étude publiée dans la revue Current Biology, le nombre d’élans, de chevreuils, de cerfs, ou encore de sangliers, serait aujourd’hui similaire à celui de quatre réserves naturelles non contaminées de la région. Une poignée de chevaux de Przewalski, espèce en voie de disparition, qui avaient été réintroduits sur place en 1990 se sont généreusement reproduits. Ils sont aujourd’hui une centaine à galoper dans les champs ukrainiens.
Les radiations, moins nocives que l’Homme
Mais si les animaux font le retour à Tchernobyl, les études sur leur état de santé restent largement insuffisantes. On sait malgré tout que la radioactivité réduit leur espérance de vie et leur fécondité. Par ailleurs, ce miraculeux retour ne concerne pas l’ensemble de la faune. Les populations d’oiseaux, d’insectes et d’araignées sont beaucoup moins nombreuses que dans le reste du pays. Et souffrent de sévères malformations. L’hirondelle rustique possèderait par exemple un cerveau plus petit que les autres spécimens « non contaminés » et un ADN abîmé.
En réalité, les radiations, encore tout à fait présentes dans la zone d’exclusion, sont loin d’être bénéfiques pour la vie sauvage. Si les grands mammifères se réfugient dans cette région, c’est qu’elle est épargnée par les activités humaines, comme la chasse, l’agriculture ou l’exploitation forestière. Pour certains animaux, la présence humaine est plus nocive que les radiations, estiment les scientifiques.
L’essor du tourisme macabre
Problème, l’Homme, lui aussi, refait peu à peu apparition dans cette zone désolée. Les touristes sont chaque année plus nombreux. Le tourisme macabre est à la mode. Les curieux viennent apercevoir le réacteur 4, s’approcher de la Forêt Rouge, qui doit son nom à la teinte brune qu’avaient pris les arbres après leur mort à la suite des radiations. Ils déambulent ensuite dans les rues désertes de Pripiat, abandonnée depuis plus de trente ans.
Cette destination rencontre de plus en plus de succès pour les enterrements de vie de garçon et fait même souvent partie des packs « week-end à Kiev ». Au total, des milliers de touristes se pressent chaque année sur le site de la catastrophe. En 2015, un couple d’Américains a même décidé de s’y marier. Comble du romantisme ou du lugubre … A chacun de se forger sa propre opinion.