Le burn-out n’est plus seul : bienvenue au brown-out et au bore-out ! Si ces syndromes évoquent tous un épuisement au travail, ils n’ont pas pour autant les mêmes caractéristiques. On vous aide à les différencier, et peut-être à les reconnaître si vous êtes concerné.
Burn-out
Qu’est-ce que c’est ?
En anglais, « to burn out » signifie littéralement « s’éteindre ». Appliqué au monde du travail, on utilise le terme de burn-out pour décrire un syndrome d’épuisement professionnel. La personne concernée perd toute volonté de travailler et voit sa motivation disparaître subitement ou à petit feu.
D’après une étude menée début 2022 par Opinion Way et le cabinet Empreintes Humaines, 34% des salariés français pourraient en être atteints. On note que 47% des femmes et 54% des jeunes interrogés se déclarent en situation de burn-out.
À quoi le reconnaît-on ?
D’après la psychologue Christina Maslach, ce syndrome procède d’une dégradation du rapport au travail, à travers trois dimensions : l’épuisement émotionnel, l’indifférence vis à vis de son travail, la diminution de l’efficacité. Ce qui se traduit par une forte perte de motivation.
Concrètement, cela peut se manifester par une fatigue extrême, mais aussi par l’isolement, par la perte de patience ou une agressivité excessive. Il peut aussi y avoir des symptômes plus lourds, comme des troubles du sommeil, des maux de tête fréquents, des troubles alimentaires pouvant mener à l’anorexie, des maux de dos… Ainsi, si votre collègue vous parle mal, déjeune seul à midi et se bloque le dos : inquiétez-vous pour lui.
Cependant, il y a autant de burn-out qu’il y a de patients. Il ne s’agit pas d’une maladie clairement identifiée, avec des causes et des symptômes définis. C’est plutôt un syndrome qui se décline sous diverses formes.
Que peut-on faire ?
La Haute Autorité de Santé recommande d’abord de chercher d’éventuels syndromes sous-jacents : trouble anxieux, dépression, risque suicidaire. Et ce, pour minimiser les risques d’aggravation et traiter le mal à son origine. Il faut ensuite analyser les conditions de travail qui ont mené au burn-out.
Lorsque le burn-out est diagnostiqué, il est recommandé de s’arrêter de travailler un temps et de consulter son médecin. Cette consultation peut mener à un début de traitement psychothérapeutique, non médicamenteux dans un premier temps.
Bore-out
Qu’est-ce que c’est ?
Variante du burn-out, le bore-out est aussi un syndrome d’épuisement au travail, mais cette fois par l’ennui. Conceptualisé par deux consultants en management, le syndrome désigne « un état psychologique négatif de faible enthousiasme qui se manifeste sous trois formes : une crise de sens au travail, l’ennui au travail et une crise de croissance ».
Un bore-out résulte souvent d’une inadéquation entre les compétences de la personne concernée et les tâches qu’on lui assigne. Surqualification, inadaptation à un métier, évolution trop rapide ou trop lente… On a tellement peu de choses intéressantes à faire que l’on se dévalorise et qu’on a le sentiment de perdre son temps au travail.
On parle bien ici d’un syndrome extrême, qui peut avoir des conséquences très négatives sur la santé, pas « simplement » d’une sensation d’ennui au travail.
À quoi le reconnaît-on ?
Comme dit plus haut, il ne suffit pas de tourner en rond à son bureau pour être en bore-out. Mais des indicateurs peuvent vous mettre sur la voie. Par exemple, vous étirez la moindre tâche pour la faire durer le plus longtemps possible de peur de vous ennuyer après? Ou plus généralement, vous rentrez chez vous sans aucune sensation d’avoir été utile dans la journée? Alors le bore-out guette. Autres signes plus profonds : vous pouvez ressentir une baisse de l’estime de soi, de l’anxiété, de la fatigue, de la déprime. Dans des cas plus rares, le syndrome peut mener à la dépression.
Il existe désormais des tests pour évaluer sa situation de bore-out (sans aucune valeur médicale), qui cherchent à identifier quatre critères : la sous-charge de travail, la sous-stimulation, la culpabilité au travail, l’inadéquation des valeurs.
Que peut-on faire ?
La plupart du temps, on ressent les premiers symptômes du bore-out avant qu’il ne soit irréversible. À ce moment-là, il est encore temps de se mettre en recherche d’un nouveau poste, ou au moins de solliciter un entretien avec un supérieur pour parler de son avenir.
Si le syndrome est bien avancé, alors mieux vaut consulter un médecin qui vous orientera peut-être vers un début de thérapie.
Brown-out
Qu’est-ce que c’est ?
En anglais, un brown-out est une coupure de courant, une panne d’électricité. L’image est assez parlante : on parle de brown-out au travail quand quelqu’un est en situation de perte de sens total, et que sa personnalité s’éteint. Ce terme est souvent relié à celui de « bullshit jobs« , théorisé par David Graeber : ces métiers demandant au travailleur de réaliser des tâches sans aucun intérêt. La multiplication de ces tâches absurdes entraîne la disparition de toute envie de travailler, jusqu’à la perte de confiance et de sens.
À quoi le reconnaît-on ?
Le brown-out intervient lorsque le travail est trop éloigné des valeurs de la personne concernée. Concrètement, d’après le médecin François Baumann, auteur de « Le brown-out : quand le travail n’a plus aucun sens » (éd. Josette Lyon), un travailleur peut identifier son propre brown-out s’il répond à l’un ou l’autre de ces critères :
- l’accumulation d’excuses pour fuir
- le désintérêt progressif pour son travail
- le sentiment d’être inutile
- la lassitude
- la fatigue
- la question récurrente : ‘Qu’est-ce que je fais là ?’
Que peut-on faire ?
Comme pour le bore-out, le brown-out apparaît lorsque la situation est encore rattrapable. Encore faut-il avoir l’énergie et la possibilité d’agir. Changer de poste, se reconvertir, faire une pause professionnelle sont des options envisageables. Il faut, dans la mesure du possible, chercher par la suite un poste où vos valeurs seront respectées, pour ne plus être en contradiction avec soi-même au travail.