Vous êtes-vous déjà demandé combien votre patron empochait chaque mois ? Ou plus exactement, ce que représentait son pactole mensuel comparé au vôtre? Le double ? Dix fois plus ? Cent fois plus ? Mille fois plus ? A votre avis ?
25 fois plus : c’est ce que répondent, en moyenne, les Français. Du moins, si l’on en croit une étude menée par deux chercheurs de Harvard et de la Chulalongkorn University en Thaïlande, qui ont comparé la façon dont les citoyens de quarante pays envisageaient l’écart optimal des salaires entre patron et employés.
Si l’on vous demande maintenant ce qu’un PDG devrait toucher par rapport à un salarié de base, que rétorquez-vous ? Sûrement pas la même chose. En moyenne, les Français estiment normal que leur boss soit payé 6,7 fois mieux qu’eux. Ce qui est très très loin de la réalité.
L’utopie des 38 000 euros par mois
A partir de ces données, des journalistes de la Harvard Business Review se sont amusés à faire un petit calcul utopique. Imaginons que les salariés ne perçoivent que 6,7 fois moins d’argent que leur patron. Mais que ces mêmes patrons continuent à encaisser autant. Les employés se mettraient alors environ 38 000 euros par mois dans les poches. Car les dirigeants français gagnent en réalité 104 fois plus qu’un salarié de base !
Pourtant, même Henri Ford, père du capitalisme, estimait, au début du 20ème siècle, que l’échelle des rémunérations ne devait pas excéder un ratio de 1 à 40, pour être admissible.
Mieux vaux bosser dans une PME !
Et la situation ne va pas en s’améliorant. Autre exemple : le cabinet de conseil et d’analyse financière Proxinvest estime, de son côté, que la rémunération maximale socialement acceptable pour un patron est de 240 Smics. Soit la modique somme de 4,76 millions d’euros par an. Parmi les 120 plus grosses entreprises françaises côtées (SBF 120), 18 présidents dépassaient ce seuil en 2013. Alors qu’en 2012, ils n’étaient « que » 13.
Le tableau n’est pourtant pas si noir. Certaines boîtes font des efforts. C’est le cas d’Iliad, de Bouygues, de Safran ou encore de Solvay, où l’écart entre employés et PDG ne dépasse pas 1 à 25. Et dans les entreprises publiques, depuis trois ans, les salaires sont encadrés sur une échelle de 1 à 20. Les patrons ne peuvent donc pas empocher plus de 450 000 euros (37 500 euros par mois). Et puis, il y a les PME. Les écarts de salaires y sont quatre fois moindres que dans les entreprises du CAC 40, selon l’Observatoire ATH.
En France, ne nous plaignons pas trop
En fait, en France, nous ne sommes pas si mal lotis. Depuis la crise de 2008, l’écart de rémunération entre employés et managers seniors a diminué de 5,6 %. Alors qu’il s’est accru dans la majorité des pays.
En Grande-Bretagne, les rémunérations des grands patrons britanniques continuent d’ailleurs de flamber. Ils gagnent 183 fois la paie moyenne d’un employé. Aux États-Unis, c’est pire encore ! Certaines études concluent que les patrons américains gagnent 200 fois plus que leurs salariés. D’autres, 354 fois plus. Et dans certaines entreprises, le ratio dépasse les 1 000. C’est le cas chez Discovery Communications, chez Chipotle, une chaîne de restauration mexicaine, ou chez Walmart. Une pratique que le gouvernement veut freiner. A partir de 2017, les grandes entreprises américaines devront rendre publics ces écarts de salaires.
Si vous êtes une femme, c’est pire
Et au risque de vous déprimer un peu plus à la lecture de cet article, on ne vous a même pas parlé des écarts de rémunération entre hommes et femmes. Pour rappel, en France, le salaire des femmes est encore inférieur de 18,4 %, à celui de ces messieurs.