Comment atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 ? Faut-il axer sur le développement des technologies vertes, miser sur la sobriété, accroître au maximum la coopération ? L’Ademe a commencé à publier à l’automne 2021 une série de rapports de prospective Transition(s) 2050. Choisir Maintenant. Agir pour le climat. L’agence de l’environnement propose quatre scénarios qui se veulent cohérents, tout en intégrant une large palette d’enjeux environnementaux, comme les différents usages de la biomasse, l’eau d’irrigation, la qualité de l’air, la gestion des déchets, la quantité de matériaux pour la rénovation ou construction, etc. On vous présente ces quatre scénarios qui préfigurent quatre monde bien différents.
1/ Génération Frugale
Dans ce scénario, frugalité et sobriété sont les maîtres mots. Objectif : diviser par deux la demande énergétique pour atteindre la neutralité carbone. Le pétrole se limiterait à quelques usages difficilement substituables, la consommation de gaz serait fortement réduite et intégralement renouvelable et l’hydrogène serait notamment développée.
Pour réduire drastiquement la consommation énergétique, dans les habitations, rénovation énergétique de grande ampleur et mutualisation des équipements seraient de rigueur. La réduction de 30 % de la surface moyenne des maisons neuves, dont le nombre de constructions serait par ailleurs réduit, et la transformation des logements vacants et secondaires en résidences principales sont également envisagées.
Côté transport, ce scénario privilégie une baisse de la mobilité, avec une très forte baisse de l’usage de la voiture et de l’avion. Dans le domaine de l’alimentaire, la mise en place d’une agriculture extensive, avec peu d’intrants de synthèse est prévue, des espaces naturels non productifs seraient préservés, la consommation de viande serait divisée par trois et les produits locaux (alimentaire ou non seraient fortement privilégiés). Ce scénario global prévoit une baisse de la demande de biens et services.
2/ Coopérations territoriales
Ce scénario fait la part belle à une évolution progressive vers une consommation mesurée et responsable. L’habitat est densifié. On construit des immeubles plus hauts. Cette politique est accompagnée de rénovations énergétiques massives et de l’accroissement du partage au sein des habitats. Sur le plan économique, la planification publique accompagne et finance une politique industrielle bas carbone, qui prévoit le développement du recyclage et de la valorisation des déchets. Une politique de réindustrialisation dans des secteurs ciblés est également mise en œuvre. La transition alimentaire prévoit une baisse de 50 % de la consommation de viande. Le scénario prévoit également une hausse de l’usage des biocarburants et du bois en tant que matériau.
Côté transports, on mise sur la proximité : trains, vélos-cargos, mini-voitures… Ainsi qu’une baisse de la distance et des volumes pour le transport de marchandises.
3/ Technologies vertes
Pour atteindre la neutralité carbone, ce scénario s’appuie sur le développement technologique et le numérique. Cette importante dynamique de production et les besoins de mobilité demandent beaucoup de ressources et de matières premières. La décarbonation de l’industrie s’opère via l’électrification des procédés et le recours à l’hydrogène. Les carburants fossiles sont encore faiblement utilisés (10 %) dans le transport (largement électrisé). La biomasse est également très mobilisée. L’intensification de l’agriculture (avec usage important des intrants de synthèse), l’augmentation des surfaces de cultures énergétiques et l’intensification de la forêt permet également de répondre aux besoins énergétiques. En parallèle, le recours au captage et au stockage de Co2 est prévu.
Dans le secteur du logement, un cycle de « déconstruction/reconstruction haussmannien et logements neufs et performants est envisagé. A l’horizon 2050, 36 % du parc de résidences devrait ainsi avoir été construit après 2015.
4/ Pari réparateur
Nos modes de vie actuels sont ici totalement conservés, en s’appuyant sur la technologie et notre capacité à réparer les systèmes. « Un pari dans la mesure où certaines [de ces technologies] ne sont pas matures », estime l’Ademe. Les grandes villes se développent. Tout comme le numérique. Le rendement des équipements progresse. L’agriculture se spécialise pour devenir plus compétitive. Le bois est largement utilisé pour produire de l’énergie ce qui modifie le paysage sylvicole.
Les importations demeurent importantes, pour favoriser l’échange de matières. L’exploitation des ressources naturelles et du recyclage sont poussés à leur maximum grâce au développement de technologies de pointe. L’électrification est massive et le recours à la compensation carbone (on contrebalance les émissions de Co2 par des actions de séquestration du carbone, en plantant des arbres par exemple), important.
Le premier, la frugalité bien sûr !
Je pencherai plutôt pour les solutions 1 et 2 , qui me semblent les plus efficaces à court terme …
Car il y a urgence !
Génération frugal me paraît le plus complet, le plus pertinent.