Scientifiques en rébellion, c’est un collectif français né à la suite d’une tribune publiée en 2020 dans le journal Le Monde. Il s’agit de la branche locale d’un mouvement plus large de scientifiques à travers le monde : Scientist Rebellion.
Sur le modèle d’Extinction Rebellion, créé en 2018, le collectif utilise la désobéissance civile non-violente pour interpeller citoyens et politiques à propos de l’urgence climatique et de la crise de la biodiversité.
Urgence climatique, inaction politique
Si des centaines de scientifiques français décident de sortir de leurs labos pour investir l’espace public, c’est bien parce que les politiques françaises ne sont pas satisfaisantes face à l’urgence climatique. Depuis des décennies, les rapports du GIEC alertent sur les conséquences délétères de nos modes de vie et de consommation. Pourtant, les réactions se font encore attendre.
Dans le média Socialter, le collectif dit compter aujourd’hui sur plus de 500 membres et 3 700 sympathisants. Leurs domaines de spécialisations sont variés : sciences climatiques, mais aussi économie, médecine, enseignement, vulgarisation scientifique, ou encore sciences humaines et sociales.
La lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité passent donc aujourd’hui, pour ces scientifiques, par différents types d’action. La désobéissance civile, mais aussi la rédaction de tribunes, l’organisation de conférences, la participation à des manifestations, etc. Ils étaient, par exemple, présents lors des protestations contre les mégabassines ou l’autoroute A69.
Dans ces actions, ils apparaissent en blouses blanches, afin d’être identifiés. Le but principal de cet engagement est de porter leur savoir et leurs découvertes scientifiques à la connaissance d’un plus grand nombre.
Des actions nécessaires, mais contestées
Cette lutte, sortant de leurs prérogatives professionnelles, peut sembler en contradiction avec la neutralité scientifique. Le recours à la désobéissance civile, bien que non violente, peut aussi être contestée.
Pourtant, les poursuites engagées contre les scientifiques militants semblent vaines. En septembre 2024, quatre prévenus ont été relaxés. Militants chez Scientifiques en rébellion et Extinction Rebellion, ils avaient occupé en 2022 le Muséum national d’Histoire naturelle à Paris afin d’alerter sur l’extinction du vivant. Le tribunal de police de Paris les a déclaré coupables, mais pas condamnables, au nom de « l’état de nécessité » de cette action. Le parquet a fait appel de cette décision.
En février 2025, après un passage devant le tribunal correctionnel du Havre, la justice a relaxé seize militants. Dont cinq scientifiques membres du collectif. Ils étaient mis en cause pour avoir bloqué la circulation pendant plusieurs heures, en mai 2023, enchaînés à une écluse. Cette action avait pour but de protester contre l’installation d’un terminal méthanier de TotalEnergies dans le port du Havre.
Sortir du labo, c’est prendre des risques. Mais ce n’est pas ce qui semble arrêter ces scientifiques militants, prêts à affronter la justice pour tenter de sauver le vivant.
Pour aller plus loin :
- Lire Sortir des labos pour défendre le vivant, Scientifiques en rébellion, éd. Seuil, novembre 2024
- Regarder l’émission Scientifiques en rébellion : « Pour le climat nous désobéissons », Mediapart, novembre 2024
- Écouter la série « Le GIEC, un autre machin onusien ? », La série documentaire sur France Culture, septembre 2024